Les Jardins suspendus de Babylone : mythe ou réalité ?
- Echo Moyen-Orient
- 23 juin
- 2 min de lecture
Parmi les Sept Merveilles du monde antique, les Jardins suspendus de Babylone restent les plus énigmatiques. Décrits comme des merveilles d'ingénierie et de beauté végétale, ils auraient été construits dans l'ancienne cité mésopotamienne de Babylone. Mais une question subsiste : ont-ils vraiment existé ?

🌿 1. Descriptions antiques : entre poésie et exagération
Les premiers récits des Jardins suspendus proviennent de sources grecques telles que Strabon ou Diodore de Sicile. Ces auteurs, fascinés par les merveilles orientales, dépeignent une succession de terrasses luxuriantes, alimentées par un ingénieux système d’irrigation. Pourtant, aucun de ces auteurs n’a vu les jardins de ses propres yeux. Leurs témoignages sont issus de traditions orales, voire d’hypothèses embellies par le temps.
🏛️ 2. Une absence dans les textes babyloniens
Aucun texte cunéiforme authentique trouvé à Babylone ne mentionne explicitement les Jardins suspendus. Nabuchodonosor II, souvent crédité comme leur bâtisseur, n’en fait aucune mention dans ses nombreuses inscriptions vantant ses projets de construction. Cette absence interroge fortement les historiens.
🧱 3. Les fouilles archéologiques de Babylone
Les explorations de la cité par Robert Koldewey à la fin du XIXe siècle ont mis au jour d'impressionnants vestiges, dont un ensemble de structures voûtées qui furent un temps identifiées comme les bases possibles des Jardins. Cependant, leur fonction exacte reste débattue : entre greniers, entrepôts ou simples fondations monumentales, le doute persiste.
🧭 4. Une localisation alternative : Ninive ?
L’archéologue Stephanie Dalley a proposé une hypothèse alternative : les Jardins auraient été construits non pas à Babylone, mais à Ninive, capitale de l’Assyrie. Selon elle, les jardins que les Grecs attribuaient à Babylone seraient en réalité l’œuvre de Sennachérib. Des bas-reliefs et des textes assyriens décrivent en effet des jardins en terrasses et des systèmes hydrauliques sophistiqués dans cette ville.
🌎 5. Une prouesse technique possible
Même si leur existence est incertaine, les Jardins suspendus n’étaient pas techniquement irréalisables. Les ingénieurs mésopotamiens maîtrisaient l’irrigation par vis sans fin, les canaux souterrains et la gestion de l’eau par gravité. Ce savoir permettait potentiellement l'entretien de jardins suspendus, alimentés par l’Euphrate ou le Tigre.
🧠 6. Une création mentale de l’Occident ?
Certains chercheurs avancent que les Jardins sont le fruit d’une projection culturelle. Pour les Grecs, Babylone représentait l’Orient mystérieux, raffiné, mais aussi chaotique. Y placer une merveille naturelle, luxuriante et ordonnée, pouvait symboliser un idéal exotique. La confusion entre Babylone et Ninive, entretenue par l’éloignement géographique et temporel, aurait renforcé cette construction mentale.
🔍 Conclusion
L’histoire des Jardins suspendus de Babylone oscille entre rêve et réalité. Faute de preuves archéologiques directes et de textes mésopotamiens explicites, leur existence à Babylone reste hautement spéculative. Néanmoins, leur évocation dans les cultures grecques et arabes a nourri un imaginaire durable, jusqu’à en faire une icône de l’ingéniosité antique et du lien entre nature et architecture.
📚 Sources
- Dalley, S. (2013). The Mystery of the Hanging Garden of Babylon. Oxford University Press.- Koldewey, R. (1914). The Excavations at Babylon.- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique.- Strabon, Géographie.- George, A. (1999). Babylonian Topographical Texts.
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