đșïž La route de la soie
- Echo Moyen-Orient
- 24 juin
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La route de la soie Ă©voque souvent les marchands chinois, les caravanes traversant les steppes dâAsie centrale et les citĂ©s mythiques comme Samarcande ou Xiâan. Pourtant, durant lâĂąge dâor du califat abbasside (VIIIeâXe siĂšcle), cette route prit une dimension nouvelle. Les Abbassides, dont la capitale Bagdad Ă©tait au cĆur dâun empire cosmopolite, ont jouĂ© un rĂŽle central dans la dynamisation de cet axe commercial, culturel et scientifique.
đ 1. Bagdad : carrefour commercial de l'Orient
FondĂ©e en 762 par Al-Mansur, Bagdad devient rapidement une mĂ©tropole incontournable. Sa position gĂ©ographique lui permet de relier la MĂ©diterranĂ©e Ă la Chine via les dĂ©serts iraniens et les oasis dâAsie centrale. Les marchands perses, arabes, armĂ©niens et indiens y affluent, apportant soies, Ă©pices, pierres prĂ©cieuses, mais aussi idĂ©es, croyances et savoirs.
đŁïž 2. Les grandes routes terrestres et maritimes
Sous les Abbassides, la route de la soie ne se limite pas au trajet terrestre. Des routes maritimes parallĂšles traversent le golfe Persique, la mer dâOman et la mer dâArabie jusquâĂ lâInde et au sud de la Chine. Les ports de Bassorah, de Siraf et dâAden deviennent des plateformes de transit majeures. La complĂ©mentaritĂ© des voies terrestres et maritimes renforce les Ă©changes Ă©conomiques dans lâensemble du dar al-islam.
đŠ 3. Produits Ă©changĂ©s : bien plus que la soie
La soie reste prĂ©cieuse, mais les Abbassides Ă©changent Ă©galement du papier (introduit depuis la Chine aprĂšs la bataille de Talas), des livres, des parfums, du verre islamique, des cĂ©ramiques, des mĂ©taux, des esclaves et mĂȘme des animaux exotiques. Les marchĂ©s de Bagdad et de Nishapur regorgent de produits venus de tout lâancien monde. Le commerce va dans les deux sens : les califes envoient aussi des prĂ©sents vers lâAsie orientale.
đ 4. Les savants en route : transmission du savoir
Les marchands ne sont pas les seuls Ă emprunter la route de la soie. Des mĂ©decins, astronomes, traducteurs et philosophes voyagent de lâInde Ă Bagdad, ou de Byzance Ă Boukhara. Le Bayt al-Hikma (Maison de la sagesse) Ă Bagdad traduit et conserve les savoirs grecs, indiens et persans. Ce mouvement de circulation intellectuelle transforme le califat en un haut lieu de la connaissance mondiale.
đ§ 5. SĂ©curitĂ© et infrastructures sous les Abbassides
Le succĂšs de la route repose aussi sur la sĂ©curitĂ© assurĂ©e par lâĂtat abbasside. Les routes sont surveillĂ©es, les relais caravaniers (khans) nombreux, et les taxes sur les marchandises contrĂŽlĂ©es. Cette stabilitĂ© favorise la confiance des marchands Ă©trangers. Les routes caravaniĂšres traversent Merv, Balkh, Rayy, Nishapur, puis rejoignent Samarcande, Khiva et au-delĂ les routes chinoises.
đ§” 6. Les acteurs de lâĂ©change : musulmans, bouddhistes et juifs
Le commerce abbasside n'est pas strictement islamique. Des juifs (notamment les Radhanites), des chrétiens nestoriens, des bouddhistes sogdiens et des zoroastriens y participent activement. Cette diversité favorise le dialogue interculturel, la circulation de manuscrits religieux et les syncrétismes artistiques visibles dans les objets retrouvés à Nishapur, au Xinjiang ou dans les grottes de Dunhuang.
đ Conclusion
La route de la soie abbasside fut bien plus quâun simple corridor commercial. Elle incarne lâun des moments les plus brillants dâinterconnexion culturelle de lâhistoire. GrĂące aux Abbassides, les idĂ©es, les innovations et les marchandises ont circulĂ© dâun bout Ă lâautre du monde connu, posant les bases dâune forme prĂ©coce de mondialisation intellectuelle et artistique.
đ Sources
- Richard, F. (1996). Lâislam et la route de la soie. CNRS Ăditions.- Liu, X. (2010). The Silk Road in World History. Oxford University Press.- Hodgson, M.G.S. (1974). The Venture of Islam. University of Chicago Press.- Hourani, A. (1991). A History of the Arab Peoples.
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